Constant CHEVILLON
(1880-1944)
La charge de Grand Maître Général du Rite lui fut transmise
après le décès en 1934 de son ami Jean Bricaud.
La vie de Constant Chevillon, assassiné sous l’occupation en 1944, est l’expression même de l’union de la foi et des œuvres que l’auteur nommait parfois Gnose spéculative et Gnose pratique. Ses écrits (voir bibliographie, plus bas) sont, pour le Franc-maçon dit « égyptien », une source de méditation inépuisable dans sa quête initiatique.
Le visage de Constant Chevillon était à la fois doux, grave et mystérieux, exprimant à la fois l’intelligence et la bonté, comme l’écrivait René Chambellant, son ami de longue date. Ses écrits témoignent de sa profonde affliction au vu de la situation dramatique de la guerre, mais aussi d’une sérénité, d’une piété, d’une simplicité d’homme en quête d’esprit.
Impliqué jusqu’à l’épuisement dans les affaires terrestres, sa patrie semble aussi dans le ciel, sur les cimes où souffle le vent de l’esprit, où l’air y est pur comme un cœur empli d’amour. À la fois philosophe, théologien et initié, il fut décrit par Robert Ambelain comme profondément chrétien, dans sa foi et dans sa vie quotidienne. Constant Chevillon était sur un chemin d’ascèse et d’émondation de l’âme, une voie d’immortalité et de conscience inextinguible. Plus connu par ses écrits d’une spiritualité éclairée, il est souvent ignoré en tant qu’homme.
C’est justement l’homme que nous souhaitons présenter ici, en nous appuyant sur les textes publiés par la revue l’Initiation (1) ; sur Les Feuillets d’Hermopolis, dont le rédacteur en chef était Gilbert Tappa qui publia en 2001 Les Lettres à Marcelle assorties d’un commentaire introductif très riche en informations ; sur la correspondance de Constant Chevillon, sur celle de Madame Bricaud, et sur divers témoignages dont celui du René Chambellant.
Martin-Constant Chevillon est né le 26 octobre 1880 à Annoire, petit village du Jura qui compte aujourd’hui moins de 400 habitants.
Issu d’une famille paysanne peu fortunée, il est le fils d’Alexis Chevillon et d’Esther Martin, et l’aîné d’une fratrie de trois : Constant (1880-1944), Camille (née en 1882) et Léon (né en 1889).
À l’école, le jeune Constant se distingue par ses grandes qualités, notamment une excellente mémoire, qui le font remarquer par le maître et le curé de la paroisse. Auprès de ce dernier, il apprend le latin. À 12 ans, il intègre le lycée Montciel à Lons-le-Saunier. Il entre au Petit, puis au Grand Séminaire de Lons-Le-Saunier. Une fois ordonné diacre, il s’aperçoit qu’il n’a plus la vocation.
(1) Le 4e numéro de l’année 1960, dans lequel figure un texte de Madame Bricaud. Les derniers moments de Constant Chevillon, ainsi qu’un numéro spécial daté de 1980 Constant Chevillon, philosophe et martyr. Notons que la revue, fondée par Philippe Encausse, a régulièrement publié des textes de Constant Chevillon. L’intégralité des sommaires est disponible sur son site Internet et tous les numéros sont téléchargeables gratuitement. https://www.linitiation.eu
Il renonce alors à la prêtrise et retourne à la vie profane.
Privilégiant la philosophie, il étudie à la Faculté des Lettres de Lyon, en quête d’une licence et de l’agrégation. Il suit alors le cours d’histoire de la philosophie et des sciences du professeur Arthur Hannequin. À la mort de ce dernier en 1905, il se détourne de la carrière universitaire.
Il entre alors à la Société Générale, à Lyon, comme simple employé. Cela suffit à assurer son existence matérielle. Il y restera jusqu’en 1913, date à laquelle il rejoint la Banque Nationale de Crédit (BNC) qui deviendra en 1932 la Banque Nationale de Commerce et d’Industrie (BNCI), ancêtre de la BNP. Nommé fondé de pouvoir en 1939, il y restera pendant toute l’Occupation, jusqu’à sa mort le 25 mars 1944.
En 1906, Constant Chevillon épouse Caroline Maurice, dont il divorce en 1910.
En 1911, Constant Chevillon crée la société littéraire l’Attique, où, d’après Madame Bricaud, par des causeries, il donne largement à ceux qui en sont privés les notions d’Art qu’il porte en lui.
En 1911, il rencontre Jean-Baptiste Roche, poète et astrologue qui l’initie à l’occultisme. Madame Bricaud rapporte que, dès 1912, Jean-Baptiste Roche aurait prédit non seulement la première Guerre mondiale mais également la triste fin de son ami Chevillon qui, selon lui, mourra dehors, fusillé.
Jean-Baptiste Roche lui présente Jean Bricaud (1). C’est probablement à cette époque qu’il fait également la connaissance de Papus (2).
Pendant la Première Guerre mondiale, Constant Chevillon combat en Alsace, en Champagne puis dans la Somme où il se trouve dès juillet 1916.
Par deux fois, il est gravement blessé au bras gauche, ce qui lui vaudra de longues années de pénibles souffrances, et manque de peu d’en rester infirme.
Après la guerre, il devient l’un des plus fidèles disciples de Jean Bricaud. Jean Bricaud était l’élève du Dr Fugairon (3), lui-même disciple d’Éliphas Levi (4) dont il reçut beaucoup d’enseignements.
À son tour, Jean Bricaud initie Constant Chevillon dans plusieurs voies ésotériques et le met en contact avec le groupe de Papus avant la guerre.
(1) Jean Bricaud, alias Johannes ou Joanny Bricaud, né le 11 février 1881 à Neuville-sur-Ain et mort le 21 février 1934. Disciple de Maître Philippe, il sera Grand Maître du Rite de Memphis-Misraïm, Grand Maître de l’Ordre Martiniste, Patriarche de l’Église Gnostique Universelle et désignera Constant Chevillon comme son successeur.
(2) Gérard Anaclet Vincent Encausse, dit Papus, né le 13 juillet 1865 à La Corogne (Espagne) et mort le 25 octobre 1916 à Paris, médecin, est le co-fondateur de l'Ordre Martiniste avec Augustin Chaboseau.
(3) Louis-Sophrone Fugairon, né le 21 décembre 1946 à Ténès (Algérie) et mort en 1922. Docteur en médecine et docteur ès-sciences. Évêque gnostique de Béziers sous le nom "Sophronius". A aussi écrit sous le pseudonyme Noriagof.
(4) Alphonse-Louis Constant, dit Éliphas Lévi, né le 8 février 1810 à Paris, où il meurt le 31 mai 1875.
La date de son initiation maçonnique n’est pas connue (probablement 1913). En 1919, Jean Bricaud l’initie dans l’Ordre Martiniste, et en 1921 il entre à l’Église Gnostique. En 1923, il devient Patriarche Grand Conservateur du Souverain Sanctuaire de Memphis-Misraïm, 95e degré du Rite.
En 1932, Jean Bricaud, Grand-Maître de Memphis-Misraïm, le nomme Substitut Grand-Maître.
Une profonde amitié, jamais démentie, s’est tissée avec le temps entre Constant Chevillon, Jean Bricaud et son épouse Eugénie.
Jean Bricaud meurt le 21 février 1934 après avoir désigné Constant Chevillon comme son successeur.
Le 24 février, Constant Chevillon devient ainsi :
• Grand-Maître de l’Ordre Martiniste, filiation Papus, Teder (1), Bricaud ;
• Grand-Maître de Memphis-Misraïm ;
• Recteur de l’Ordre Kabalistique de la Rose+Croix gnostique, filiation Guaïta (2), Barlet (3) Papus, Teder, Bricaud ;
• Patriarche de l’Église Gnostique Universelle ; la régularisation de cette succession viendra le 5 janvier 1936, date à laquelle, sous le nom de Tau Harmonius, il reçoit l’épiscopat par Monseigneur Louis-François Giraud, Patriarche de l’Église Gallicane.
Après la disparition de Jean Bricaud, Constant Chevillon reste très ami avec sa veuve Eugénie Bricaud, chez qui il trouvera son point d’attache à Lyon, au 22 rue des Macchabées. Dans le jardin de celle-ci, il possède un local qui abrite son autel et sa bibliothèque qui fut, en partie, celle de Jean Bricaud et qui ne contient pas moins de 3000 ouvrages.
Constant Chevillon travaille énormément, la journée pour son employeur, la banque, et la nuit à ses recherches philosophiques. Il voyage en permanence pour raisons professionnelles, ce qui occasionne beaucoup de fatigue mais lui permet aussi de rester en contact étroit avec les membres des différents Ordres qu’il dirige. Quand je partirai de ce monde, surtout ne me plaignez pas ! Ma vie a été infernale ; le repos et moi ne nous sommes jamais rencontrés (4).
Notons que c’est sous sa Grande Maîtrise, au Grand Convent de Memphis-Misraïm du 27 au 30 août 1938 à Lyon, que l’initiation des femmes dans le Rite fut adoptée.
Le 2 septembre 1939, se déroule le dernier Convent National de Memphis-Misraïm. La guerre éclate le lendemain.
Le 19 août 1940, est promulguée la loi d’interdiction et de dissolution des sociétés secrètes.
Outre une correspondance considérable, Constant Chevillon travaille à la rédaction de ses ouvrages, d’articles dans les revues initiatiques ainsi que des interventions qu’il fait lors de réunions qu’il dirige. Beaucoup de ces écrits sont rédigés dans les conditions très dures liées à la guerre : logement exigu, peu éclairé et à peine chauffé malgré la rigueur de ces hivers de guerre.
En septembre 1941 il subit une première perquisition par la Milice Nationale Française.
En 1943, il est arrêté à Clermont-Ferrand, au siège de la banque, par la police française. Il est relâché le jour-même. Sa valise, ses papiers et un manuscrit furent saisis et ne lui furent jamais rendus.
Le récit des dernières heures de Constant Chevillon est connu grâce à Madame Bricaud, qui n’eut de cesse de porter et de transmettre l’œuvre de son mari et de Constant Chevillon.
Le samedi 25 mars 1944 vers 19h45, au moment du repas du soir, il est arrêté à Lyon, rue des Macchabées au domicile de Madame Bricaud, par des inconnus se prétendant être de la police de Vichy. (5)
Nous lui donnons pardessus et cache-col et nous l’avons embrassé toutes deux (Eugénie Bricaud et une amie). Il m’a bien regardée, tout pâle, tout triste. On le fit monter en voiture. Les deux voitures partirent tous feux éteints dans la direction de la Descente des Chouans. […] (6)
Vers 23 heures, il y a une alerte.
Le lendemain, Madame Bricaud apprend que Constant Chevillon avait été découvert encore chaud, sur le bord d’une route à Saint-Fons, montée des Clochettes, vers 22h45, la veille, au moment de l’alerte, par des gens qui fuyaient dans les champs.(7) Son corps est criblé de balles et il a été torturé.
Madame Bricaud s’interroge : J’étais effondrée. Pourquoi ce meurtre ? Quelles raisons avait-on de fusiller un être innocent qui ne s’occupait que de spiritualité ? Nos conclusions furent qu’on avait voulu ainsi supprimer la tête des Ordres qu’il avait dirigés. […]
(1) Henri-Charles Détré, dit Teder, né à Vincennes le 27 mai 1855 et mort à Clermont-Ferrand le 26 septembre 1918. À la mort de Papus, il dirige brièvement l'Ordre Martiniste et la section française du Rite de Memphis-Misraïm ; de 1916 à 1918 il sera le grand maître de la Grande Loge swedenborgienne de France. C'est son ami Jean Bricaud qui lui succède à la tête de l'Ordre Martiniste.
(2) Stanislas de Guaita, né le 6 avril 1861 en Moselle, et mort le 19 décembre 1897 à Tarquimpol. Poète français, il fonde en 1888, avec Joséphin Peladan, l'Ordre Kabbalistique de la Rose+Croix.
(3) Albert Faucheux, dit François-Charles Barlet ou F.-Ch. Barlet, né le 12 octobre 1838 à Paris où il meurt le 29 octobre 1921. Il fut un proche de Papus et de René Guénon.
(4) Constant Chevillon, correspondance.
(5) Dans une correspondance avec la famille, Madame Bricaud parle de la Milice de Doriot-Darnand. Il est possible qu’il se soit agi d’une milice bras armé du M.N.A.T. (Mouvement National Anti-Terroristes).
(6) Témoignage de Madame Bricaud, Les derniers moments de Constant Chevillon, in l’Initiation, n°4, 1960.
(7) Les feuillets d’Hermopolis, volume 3, d’après le témoignage de Madame Bricaud.
Les Feuillets d’Hermopolis (vol. 3) publient un extrait du livre de Paul Garcin (1), interdit par la censure et qui reprend un entrefilet d’un journal lyonnais indiquant ceci :
Samedi 25 mars : Un contrôleur de banque tué à Saint-Fons par des « anti-terroristes »
– Des passants ont trouvé à 23 heures, aux Clochettes, sur la route nationale n° 7, le corps de M. Martin Chevillon, âgé de 65 ans, contrôleur à la Banque Nationale du Crédit Industriel, demeurant 22 rue des Macchabées, qui avait été tué de six balles de mitraillette et d’une balle de révolver. Sur une pancarte, on pouvait lire ces mots : « Cet homme paye de sa vie l’assassinat d’un national. Le Comité National Anti-terroriste de la Région Lyonnaise. »
À la lecture de cette signature, deux choses apparaissent clairement : les exécutants furent les hommes de main de la Milice de Doriot-Darnand, ainsi que l’écrit Madame Bricaud dans une lettre ; le mobile de l’assassinat est la mise en application d’un principe couramment appliqué par la Milice, « une vie pour une vie».
Les exécutions sommaires et crapuleuses en réponse à la mort de l’un des leurs étaient une pratique courante qui visait les notables notamment juifs, francs-maçons et banquiers qui avaient été inscrits sur ses listes.
Constant Chevillon se savait surveillé depuis le début de la guerre. En témoignent ces quelques phrases, extraites d’une lettre à Marcelle Grussenmeyer :
Besançon le 21 janvier 1940. Le soir.
Ma chère et grande amie,
Votre lettre du 18 m’est parvenue hier à midi, deux jours de voyage, par cette température et la situation actuelle ce n’est pas excessif. Je suis heureux que, pour une fois, Mme la Censure se soit abstenue de violer le secret de ma pensée, mais je n’ai aucune confiance dans ses bonnes intentions ; par ailleurs, en effet, la surveillance continue, chaque jour j’en reçois des preuves multiples. Je suis donc considéré comme suspect parce que je vis dans un monde d’idées transcendantes à l’intelligence épaisse de ceux qui se croient prédestinés à donner des ordres. J’ose espérer que je ne serai pas comme Socrate, et sans me comparer à lui, condamné à boire la ciguë… (2)
Certains préfèrent alléguer que Constant Chevillon serait l’auteur ou l’un des auteurs du mystérieux Pacte Synarchique qui aurait provoqué l’ire du gouvernement de Vichy ; document dont personne n’a jamais retrouvé la moindre référence de la part de son auteur présumé. Tout au plus, dans une lettre à Marcelle du 7 novembre 1939, Constant Chevillon mentionne-t-il avoir perdu son étude sur le synarchisme (3), ce qui est, tout de même, très différent. Quoi qu’il en soit, rien ne pourra jamais justifier cette exécution, si ce n’est le climat de violence et de peur soigneusement entretenu pendant les années d’occupation.
(1) Paul Garcin (1897-1954), journaliste, rédacteur en chef de la "Revue fédéraliste" (1919-1925), rédacteur au "Réveil national" et au "Soir de Lyon". Collabore à "Comoedia" et aux "Nouvelles littéraires".
(2) Lettres à Marcelle, Les Feuillets d’Hermopolis, volume 4, Nice 2001.
(3) Lettres à Marcelle, Les Feuillets d’Hermopolis, volume 3, Nice 2001.
Le témoignage de Madame Bricaud se poursuit.
Je fis tout pour avoir ce corps tant meurtri. […]
Après 19 jours, j’assistai seule à la mise en bière devant les porteurs. Mon malheureux ami, malgré une forte ecchymose à la joue gauche, était reconnaissable, les yeux clos. Je l’avais fait vêtir. La bière capitonnée de satin violet, un coussin sous la tête, j’examinais le pauvre supplicié avant de le voiler de lin ; je laissais ma main sur son front glacé en priant. Je mis une fleur rouge sur son cœur, et un rouleau de parchemin où j’avais relaté tout ce qui s’était passé et les titres du défunt. Ma main resta encore un peu sur ce front qui avait contenu tant de belles pensées et je donnais l’ordre de refermer sur lui, pour toujours, le cercueil. […] (1)
Constant Chevillon fut inhumé aux côtés de Jean Bricaud, au cimetière de Francheville. Eugénie Bricaud les y rejoindra en février 1958.
Sur la personnalité et le charisme de Constant Chevillon, écoutons le témoignage de l’un de ses disciples et successeurs, René Chambellant :
Travailleur infatigable, penseur profond, [le regretté Constant Chevillon] savait mettre en pratique l’enseignement reçu dans les Ordres Initiatiques et Spiritualistes. C’était un homme comme on a peu l’occasion d’en rencontrer.
Plutôt petit, les pommettes saillantes, le cheveu brun dru, ses yeux reflétaient l’intelligence et la bonté. Il aimait la présence turbulente de la jeunesse du Quartier Latin, habitait une modeste chambre meublée à l’Hôtel des Bernardins où il passait une partie de ses nuits à préparer des conférences et à correspondre avec les membres des Ordres qu’il dirigeait, dispersés dans le monde entier.
Il était aimé et vénéré de tous ceux qui l’approchaient, tant il dégageait une expression de sérénité, de sainteté, d’équilibre, se penchant avec attention sur tous, aidant de ses conseils, excusant tout et tous.
Il prenait un visible plaisir, entouré de jeunes adeptes d’alors, aux repas du dimanche, partagés dans un restaurant du quartier, où nous mettions à contribution son érudition et sa connaissance extraordinaire. Il arbitrait nos discussions fraternelles mais animées avec un tact délicat, ne froissant aucune susceptibilité.
Il a écrit de courts ouvrages où chaque mot compte ; livres remarquables tant par la forme que par le fond, supportant une analyse fructueuse à chaque nouvelle lecture.
Pendant la guerre de 39–45, ses employeurs l’envoyèrent en province où il se plaignait de ne pouvoir travailler. Il sentait rôder autour de lui l’ombre de sa mort prématurée et souffrait de ne pouvoir exprimer tout le message qu’il portait. […]
Oui, cet homme bon, exceptionnel, comme on ne peut en rencontrer qu’un au cours d’une vie est mort, tué par la méchanceté et l’ignorance, comme son prédécesseur légendaire Hiram, et comme son Maître Jésus.
(1) Témoignage de Madame Bricaud, Les derniers moments de Constant Chevillon, in l’Initiation, n°4, 1960.
Sans l’aide de Madame Bricaud, certaines œuvres de Constant Chevillon n’auraient peut-être jamais été imprimées ; c’est le cas de la Tradition Universelle.
En 1944, publier cet ouvrage à compte d’auteur, en 500 exemplaires, coûtait 20 000 francs de l’époque et c’est Madame Bricaud elle-même qui en a assumé la charge « à ses risques et périls », écrit-elle. Nous apprenons aussi que Et verbum caro factum est, bien qu’accepté par la censure de Vichy et de Paris, n’a pas été imprimé immédiatement car le bon pour le papier fut refusé !
Nous pouvons mesurer l’ardeur et la foi qui ont animé ces êtres, Constant Chevillon et Eugénie Bricaud, pour éclairer et élever l’âme de leurs semblables malgré la peur et les difficultés quotidiennes, lui en travaillant à clarifier, à partager et à transmettre, elle en s’assurant que toutes ces belles pensées contenues derrière ce front seraient rendues accessibles à tous ceux qui voudraient bien faire l’effort d’en prendre connaissance.
Constant Chevillon suscite notre gratitude, par son courage qui se déclinait en bienveillance et générosité, par sa sagacité qui se hissait en un enthousiasme brûlant pour la vérité, par sa mesure, sa saine pondération qui était toute maîtrise et conscience dans un climat de peur et la désolation. Il est en ce sens un phare spirituel pour une génération d’homme et de femmes en quête de sens dans un monde parfois sombre et incertain.
Les œuvres de Constant Chevillon
Le numéro spécial de 1980 de la Revue l’Initiation publie une présentation de l’œuvre de Constant Chevillon avec quelques lignes de synthèse de ses œuvres maîtresses. Ce numéro est disponible en téléchargement sur le site de la revue www.linitiation.eu
Liste des œuvres publiées par Constant Chevillon de son vivant :
- Orient ou Occident ? Paris, Éditions Paul Chacornac, 1926.
- Réflexion sur le temple social, Lyon, Éditions des Annales initiatiques 1936.
- Le Vrai Visage de la Franc-Maçonnerie, Lyon, Éditions Derain, 1926.
- Du néant à l’être, Lyon, Éditions Derain, 1945.
- Et verbum caro factum est, Lyon, Éditions Derain, 1944.
Liste des œuvres publiées après la mort de Constant Chevillon :
- La Tradition Universelle, Lyon, Éditions Derain, 1946.
- Méditations initiatiques, Lyon, Éditions Derain, 1953.
- Lettres à Marcelle, Les Feuillets d'Hermopolis, 2000.
Il est possible de trouver la majorité d’entre elles au format pdf, sur Internet.